Le bois est souvent perçu comme une alternative écologique aux matériaux synthétiques ou extraits, mais cette perception est-elle toujours justifiée ? Cet article se penche sur les aspects environnementaux des outils en bois, en les comparant à d'autres matériaux, en examinant leur durabilité, leur cycle de vie, leur empreinte carbone, et en évaluant l'impact de la provenance et de la gestion des forêts.
Quels sont les matériaux utilisés pour fabriquer des outils de poterie ?
Les outils peuvent être fabriqués à partir d'une variété de matériaux, chacun avec son propre profil environnemental. On distingue deux autres matières principales que le bois.
Le plastique (et plastiques composites), souvent issu de ressources fossiles, est omniprésent en raison de sa légèreté et de son coût faible, mais sa production est énergivore et son recyclage complexe. On le retrouve fréquemment dans les estèques, les spatules ou les manches de toute sorte d'outils.
Le métal (acier, aluminium, laiton), bien que durable et recyclable, requiert une grande quantité d'énergie pour son extraction et sa transformation, avec une empreinte carbone significative. On le retrouve souvent dans les outils de tournassage, pour percer ou trancher.
Dans la catégorie du bois, on peut le diviser en deux sous-ensembles, le bois massif et les dérivés du bois. Les dérivés sont l'aggloméré, le contreplaqué ou bien le MDF. La production des dérivés nécessite des procédés industriels ainsi que l'utilisation de colles et de solvants qui peuvent être nocifs pour l'environnement et la santé.
Quelle durabilité pour les outils de poterie ?
La durabilité est un facteur clé dans l'évaluation de l'écologie d'un matériau. Le bois massif, par exemple, peut durer des décennies s'il est bien entretenu, tandis que le plastique peut se dégrader ou perdre ses propriétés mécaniques au fil du temps. Le métal, bien que sujet à la corrosion, peut être protégé et réutilisé indéfiniment. Les composites, quant à eux, ont des durées de vie variables et peuvent être moins durables si les fibres se détériorent ou si la matrice se décompose. La question de la durabilité est donc très subjective puisqu'elle dépend de l'utilisateur et du soins que celui-ci apportera à son outil.
Le cycle de vie au travers de l'énergie grise
L'énergie grise, c'est la somme des énergies nécessaires au cycle de vie d'un objet. Pour un moule en bois par exemple, il faut compter toute l'énergie nécessaire à la croissance de l'arbre, sa récolte, son sciage, son séchage puis ensuite sa transformation dans notre atelier, sa commercialisation, son utilisation, son entretien et son recyclage en fin de cycle. Voici le classement de la production des matériaux couramment utilisés dans les outils de poterie :
La production de bois massif a donc un large avantage par rapport aux dérivés du bois. Son énergie grise est comprise entre 50 et 600 kWh/m3 contre 2 000 à 4 000 pour le MDF. La différence est donc entre 3 et 80 fois supérieur pour le MDF.
L'écart s'agrandit encore plus pour les métaux et les plastiques. L'énergie nécessaire pour la production de PVC est de 20 000 à 27 000 kWh/m3. Les métaux recyclés nécessitent une énergie similaire, mais lorsqu'il s'agit de leur première fabrication (l'extraction), cela peut atteindre 95 000 kWh/m3 pour l'acier et 170 000 kWh/m3 pour l'aluminium.
Recyclage des outils de poterie
Le recyclage du bois est possible, mais cela dépend du produit de finition auquel il est associé. Si une huile naturelle est utilisée, il sera compostable. Quant aux dérivés du bois, ils peuvent, au mieux, être broyés puis réutilisé pour la fabrication de dérivés du bois de moindre qualité. Le plastique, bien que recyclable, souffre d'un taux de recyclage faible et d'une dégradation de qualité à chaque cycle. En effet, les molécules s'affaiblissent à chaque fois et il est délicat de le recycler du fait qu'il existe une variété de plastiques différents importante. Le métal, en revanche, peut être recyclé a l'infini sans perte de qualité, offrant une énergie grise réduite lors du recyclage par rapport à l'extraction.
Il est a noter que si les outils sont composés de plusieurs matériaux et que cette composition est complexe ou qu'il y a la présence de système électronique, le recyclage est d'autant plus délicat.
L'empreinte carbone d'un outil de poterie
L'empreinte carbone de la production est un indicateur clé de l'impact environnemental. Le bois massif, lorsqu'il est produit de manière durable, a une empreinte carbone nettement inférieure à celle des matériaux manufacturés. Selon une étude de la commission anglaise des forêts, la production d'une cuillère en bois génère environ 17 g de CO2, contre 200 g pour une cuillère en plastique et 460 g pour une en métal. De plus, le bois stocke le carbone durant sa croissance, ce qui peut compenser les émissions liées à sa transformation. La production des dérivés du bois est plus énergivore que le bois d’œuvre. Par exemple, la fabrication de panneaux de particules peut émettre jusqu'à quatre fois plus de CO2 que le bois massif.
Ces valeurs sont à nuancer en fonction de la provenance des matériaux. En effet, du bois peut croître localement, mais être transformé à l'autre bout du monde pour ensuite être expédié de nouveau sur un autre continent. Ceci est valable pour le plastique et aussi pour les métaux.
Provenance des bois et gestion des forêts
La provenance du bois et la gestion des forêts sont cruciales pour évaluer l'écologie des outils en bois. Le bois local, issu de forêts gérées durablement et certifiées par des labels comme FSC ou PEFC, garantit une réduction de l'empreinte carbone liée au transport et assure une gestion responsable des ressources forestières. Chez Axel & Bois, nous travaillons avec 3 scieries dans un rayon de 25 km. Elles scient et sèchent elles-mêmes leur bois qu'elles abattent dans un rayon de 80 km. Il nous arrive parfois d'utiliser du bois exotique, mais seulement lorsque nous achetons un lot de bois d'un menuisier à la retraite. Nous n’achèterons jamais de bois exotique neuf.
Les outils en bois, lorsqu'ils sont issus de pratiques durables et responsables, présentent des avantages écologiques indéniables. Cependant, pour faire un choix véritablement écologique, il est essentiel de considérer l'ensemble du cycle de vie du produit, y compris la provenance du bois, les pratiques de gestion forestière, le processus de fabrication et les possibilités de fin de vie, comme le recyclage ou la biodégradabilité. Il est clair que le bois massif local a une empreinte carbone inférieure à celle des matériaux manufacturés et des dérivés du bois, à condition que le bois soit récolté de manière durable et que le produit fini soit fabriqué à proximité. Les matériaux dérivés du bois, bien que moins chers, ont souvent une empreinte écologique plus importante et peuvent contenir des substances nocives. En fin de compte, le choix des outils en bois comme option écologique dépend de nombreux facteurs interdépendants. Les consommateurs et les fabricants doivent être informés et conscients de ces facteurs pour prendre des décisions responsables qui favorisent la durabilité et minimisent l'impact environnemental. En privilégiant des produits en bois massif et locaux, ainsi qu'en soutenant des pratiques de fabrication transparentes et responsables, nous pouvons contribuer à une économie plus verte et à un avenir plus durable. Enfin, les informations données dans cet article ne prennent en compte que la matière et sa production. Pour avoir un avis encore plus éclairé, il faudrait prendre en compte la fabrication de chaque outil chez chaque fabricant en fonction de ses techniques propres.
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