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Photo du rédacteurAxel & Bois

Vos émaux sont-ils toxiques ?

les emaux sont toxiques pour les aliments

Vous venez de modeler une belle assiette avec l'un de nos moules et vous vous demandez si l'émaillage que vous avez réalisé est conforme pour un usage alimentaire ? La sécurité de vos créations est primordiale, surtout lorsqu'il s'agit de céramiques destinées à entrer en contact avec des aliments. Les émaux peuvent présenter des risques de toxicité, tant pour le céramiste lors de leur fabrication que pour l'utilisateur final. Dans cet article, nous allons explorer les différents aspects de la toxicité des émaux, les tests à réaliser pour évaluer leur sécurité, ainsi que les bonnes pratiques à adopter pour garantir la conformité de vos pièces.


Molécules à risque : plomb et cadmium

Le plomb et le cadmium sont parmi les substances les plus préoccupantes en céramique, en raison de leur toxicité élevée et de leur capacité à migrer vers les aliments. Historiquement, le plomb a été largement utilisé comme fondant dans les émaux en raison de son point de fusion bas et de ses propriétés de vitrification. Cependant, l’inhalation ou l’ingestion de plomb peut provoquer des intoxications graves, avec des effets nocifs sur le système nerveux, les reins et le développement chez les enfants. De même, le cadmium, présent dans certains pigments, est un métal lourd toxique, souvent lié aux couleurs vives comme les rouges et jaunes. Lorsqu'il migre vers des aliments, il expose les usagers à des risques de toxicité rénale et de perturbations hormonales.


En France, plusieurs autres métaux tels que le cobalt, l’aluminium et l’arsenic font également l’objet de surveillance, tandis que d’autres pays comme les Pays-Bas incluent dans leur liste le baryum, le chrome, le bore, le mercure, le lithium, le rubidium, le sélénium et le strontium. Cette diversité de substances surveillées montre une prise de conscience progressive des risques associés aux émaux céramiques. Les réglementations continuent d’évoluer en fonction des connaissances toxicologiques et des pratiques industrielles, mais dans le cadre d'une production artisanale, il est crucial pour les céramistes de limiter l’utilisation de ces métaux et de se conformer aux standards de sécurité pour minimiser les risques de relargage toxique.


Toxicité des émaux pour le céramiste

Le processus de création d'émaux en céramique expose le céramiste à divers risques de toxicité, surtout lors de la manipulation d'oxydes sous forme de poudres. L’utilisation de plomb dans les émaux a causé plusieurs intoxications chez les artisans, car ce métal pénètre facilement dans le corps par inhalation ou contact cutané. Aujourd'hui, des fondants alternatifs, tels que le feldspath et le phosphate de chaux, sont désormais privilégiés. Cependant, même sans plomb, d'autres composants des émaux, comme le cobalt, le cadmium, ou la silice peuvent être source de danger.


Pour minimiser ces risques, certaines précautions sont essentielles : les céramistes doivent ventiler correctement leur atelier, utiliser des équipements de protection comme des masques et des gants, et maintenir un environnement de travail propre pour réduire la poussière. Les masques de type FFP2, désormais courants, sont indispensables pour se protéger des poussières fines. La manipulation prudente des matériaux et le respect de pratiques d’hygiène stricte sont fondamentaux pour éviter les intoxications, mais aussi pour réduire les risques à long terme liés aux particules de silice, souvent présentes dans les poussières d’argile, qui peuvent provoquer des maladies respiratoires graves.


Toxicité des émaux pour l'usager

L'utilisation de céramiques émaillées peut entraîner des risques pour la santé en raison du relargage de métaux lourds dans les aliments. Des substances telles que le plomb et le cadmium peuvent migrer des émaux vers les aliments, surtout en cas de contact avec des substances acides comme le vinaigre ou le jus de citron. L'intoxication au plomb peut provoquer de graves problèmes de santé, notamment des troubles neurologiques, tandis que le cadmium est connu pour ses effets néfastes sur les reins et le système immunitaire. Il est donc crucial de s'assurer que les émaux utilisés pour la vaisselle sont conformes aux normes de sécurité afin de minimiser ces risques pour les consommateurs.


Toxicité des émaux pour l'environnement

Lors de la création de pièces en céramique, il est crucial de prendre en compte l'impact environnemental des déchets générés. Les céramistes produisent des résidus d’émaux qui s'accumulent dans les ateliers, que ce soit sous forme de restes dans des seaux ou de poussières après nettoyage. Pour éviter que ces déchets ne contaminent les canalisations, il est recommandé de ne pas les évacuer avec l'eau courante.


Une méthode efficace consiste à utiliser un bac de décantation. Cette technique permet de regrouper les résidus d’émaillage et de prélever l’eau de surface avant de cuire le reste avec les pièces dans un bac en argile déjà cuite. Cela transforme les déchets en un bloc d’émail solidifié, qui peut être déposé dans une déchetterie. En adoptant ces pratiques, les céramistes peuvent réduire leur impact écologique et promouvoir une approche plus durable dans leur processus de fabrication.


Législation française et européenne

La législation européenne impose des normes strictes pour les émaux alimentaires afin de prévenir les risques d’intoxication. La directive 2005/31/CE et le règlement CE 1935/2004 fixent des seuils de migration de métaux lourds, notamment le plomb et le cadmium. Chaque pays applique ces normes différemment. En France, la DGCCRF exige des tests de relargage pour le plomb et le cadmium et recommande également de tester l’aluminium, le cobalt et l’arsenic. Ces règlements visent à garantir la sécurité des céramiques destinées à un usage alimentaire.


3 tests de toxicité des émaux à faire chez soi

Bien que ces tests offrent des indications sur la stabilité des émaux, ils ne remplacent pas les évaluations réalisées par des laboratoires certifiés. Notez qu'il existe d'autres méthodes comme le test aux micro-ondes et le test du lave-vaisselle par exemple.


tester ses ceramique avec du citron

Test du citron

Le test du citron est une méthode simple pour évaluer la résistance à l'acidité des émaux céramiques. Pour effectuer ce test, pressez un citron entier dans la pièce à tester et laisser le jus et le citron à l'intérieur pendant une nuit. Le lendemain, nettoyez la pièce et observez attentivement l'émail au contact du citron.


Si l'émail a changé de texture ou de couleur, cela indique qu'il ne résiste pas bien à l'acidité, ce qui peut favoriser le relargage de substances nocives.


Test de résistance thermique

Le test de résistance thermique permet d'évaluer la capacité d'un émail à supporter des variations de température sans se fissurer ou se craqueler. Pour réaliser ce test, commencez par placer la pièce émaillée au congélateur pendant une nuit. Cela permettra d'exposer l'émail à des températures très basses.


Le lendemain, préchauffez votre four à 180°C. Une fois que le four est à la bonne température, sortez la pièce du congélateur et placez-la directement dans le four chaud. Observez attentivement la pièce pendant le processus de chauffage.


Si la pièce résiste à cette variation soudaine de température sans se fissurer ni se craqueler, cela indique que l'émail est bien adapté aux conditions d'utilisation quotidiennes, comme servir des boissons chaudes dans un environnement frais. En revanche, si des fissures ou des éclats apparaissent, cela suggère une fragilité de la composition de l'émail lui-même.


Test de résistance aux rayures

Le test de résistance aux rayures évalue la durabilité de l'émail face à des contacts abrasifs, ce qui est crucial pour les pièces destinées à un usage quotidien. Pour effectuer ce test, prenez un objet en métal, comme une clé ou un couteau, et frottez-le doucement sur la surface émaillée de votre pièce.


Après avoir frotté, inspectez la surface pour vérifier si des rayures sont apparues. Si une rayure se forme et ne disparaît pas simplement en frottant avec votre doigt, cela indique que l'émail est trop tendre et que sa structure moléculaire pourrait être fragile. Cela peut non seulement favoriser un risque de relargage de substances nocives, mais aussi rendre la pièce sujette à l'usure rapide lors d'une utilisation alimentaire.


Test en laboratoire

tester ses emaux en laboratoire

Les tests en laboratoire sont cruciaux pour garantir la sécurité des céramiques destinées à un usage alimentaire. Ils permettent de détecter la toxicité des émaux et la présence de substances nocives comme le plomb, le cadmium, l'aluminium, le cobalt et l'arsenic.

Le coût d'un test de relargage pour le plomb et le cadmium est d'environ 75 €, avec des frais supplémentaires pour d'autres métaux. Bien que ces analyses soient onéreuses, elles sont essentielles pour assurer que les émaux utilisés ne présentent pas de risques pour la santé des consommateurs, permettant ainsi aux céramistes de valider la conformité de leurs créations aux réglementations en vigueur. Ce test peut aussi être utilisé comme un valeur ajoutée à vos produits.


Les bonnes pratiques à adopter pour ses émaux

Pour minimiser les risques liés à la toxicité des émaux céramiques, il est essentiel d'adopter certaines bonnes pratiques, telles que :


  • Tester ses céramiques alimentaires : assurez-vous de la sécurité des émaux, surtout s'ils sont fabriqués maison.

  • Respecter les préconisations : suivez les recommandations des émaux prêts à l'emploi.

  • Privilégier des matières naturelles : utilisez des composants "propres" pour réduire le risque de relargage.

  • Porter des équipements de sécurité : utilisez un masque FFP2 (au minimum) et des gants lors des manipulations à risque.

  • Demander les fiches techniques : renseignez-vous sur la composition et la sécurité des produits utilisés.

  • S'assurer de la bonne vitrification : optez pour des émaux brillants afin de minimiser la porosité et le risque de migration de substances nocives.


En résumé, garantir la sécurité de vos céramiques alimentaires nécessite une attention particulière à la composition des émaux, aux tests de résistance et aux bonnes pratiques en atelier. Bien que des tests simples comme ceux du citron offre des indications utiles, ils ne remplacent pas les certifications professionnelles. En suivant les recommandations et en demeurant vigilant quant à la qualité de vos matériaux, vous pourrez créer des pièces non seulement esthétiques, mais également sûres pour une utilisation quotidienne. Votre engagement envers la sécurité renforcera la confiance de vos clients et la réputation de votre travail.

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